Des soins accessibles transforment la vie des familles déplacées à l’Est de la RDC
Goma – Anne-Marie Mahamba, mère de six enfants vivant à Mugunga, dans l’est de la République démocratique du Congo, ne s’attendait pas à trouver autant de réconfort en franchissant les portes du centre de santé local. « Je ne savais pas que l’hôpital pouvait encore être un endroit sûr pour nous », confie-t-elle, soulagée après avoir reçu des soins gratuits et attentionnés. C’est une amie qui l’a convaincue de venir, lui assurant que « les médecins étaient revenus, que les soins étaient gratuits et de qualité. Alors j’ai décidé de venir », raconte-t-elle.
Depuis plusieurs mois, le Nord et le Sud-Kivu font face à une crise sécuritaire persistante. Les affrontements entre groupes armés ont provoqué des déplacements massifs, la destruction de camps et une pression accrue sur les structures sanitaires locales.
Entre janvier et juillet 2025, plus de 1,6 million de personnes ont été nouvellement déplacées en RDC, portant le total à environ 5,28 millions de déplacés internes, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). Plus de 68 % de ces déplacements sont dus aux attaques et aux affrontements armés. La majorité a eu lieu dans les provinces du Sud-Kivu (33 %), Nord-Kivu (30 %) et Ituri (23 %). Dans le Nord-Kivu, les cliniques mobiles, qui offraient auparavant des soins de proximité, ont cessé leurs activités. Les malades doivent désormais se rendre dans des centres de santé souvent débordés.
Face à cette urgence humanitaire, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a intensifié son appui dès mars 2025. Une équipe médicale d’urgence, composée de deux médecins et cinq infirmiers, a été déployée au centre de santé de Mugunga, où Anne-Marie a été prise en charge. En parallèle, l’OMS a fourni des médicaments, des intrants et du matériel médical à 15 structures de santé dans la région. Cet appui a permis de maintenir la continuité des soins, notamment pour les cas urgents, les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées, souvent les plus vulnérables.
Paul Mulolwa Kiminu, infirmier titulaire du centre, souligne l’importance de ce soutien : « Pendant les événements difficiles, nous avons dû suspendre nos activités. Les menaces étaient nombreuses et les déplacés se sont réfugiés dans les ménages. Les cas de violences sexuelles et les maladies comme la mpox ont augmenté », témoigne-t-il.
Malgré les défis, l’appui de l’OMS reste un pilier essentiel pour les soignants et les patients. Freedom Kanane, infirmier consultant au centre depuis trois ans et demi, se souvient : « Avant l’arrivée de l’équipe OMS, nous étions débordés. Plus de 60 consultations par jour, une explosion des cas de rougeole, de paludisme, d’infections uro-génitales et de stress post-traumatique. L’OMS nous a apporté un soulagement concret, en ressources humaines et en formation. Leur présence a redonné de l’espoir aux malades et à nous, les soignants », affirme-t-il avec reconnaissance.
La dispersion des déplacés et la fermeture des cliniques mobiles ont entraîné une augmentation des cas de choléra, de mpox et de rougeole. L’OMS a soutenu les structures de santé locales, directement et via les Divisions provinciales de la Santé. À Mugunga, l’Organisation a renforcé les capacités par l’envoi d’une équipe médicale, la fourniture de médicaments et de matériel d’urgence.
Le Dr Alain Kakule Mangolopa, coordonnateur de terrain provincial et responsable de la prévention et du contrôle de l’infection à l’OMS, explique : « Nous continuons à travailler pour rétablir les mécanismes de transfert et de gratuité des soins pour les cas graves. C’est une priorité dans ce contexte de crise prolongée. Il est essentiel que les patients puissent accéder rapidement à des soins vitaux, sans obstacle financier, surtout dans les zones où les besoins sont les plus criants. Chaque jour, nous faisons face à des situations critiques qui exigent des réponses immédiates et adaptées », déclare-t-il.
Au-delà de la prise en charge médicale immédiate, l’OMS a également mis l’accent sur la prévention et la sensibilisation communautaire. Des séances d’éducation à la santé ont été organisées pour informer les populations déplacées sur les mesures d’hygiène, la reconnaissance des symptômes des maladies infectieuses et l’importance de la vaccination. Ces actions ont contribué à renforcer la résilience des communautés face aux épidémies et à améliorer la coordination entre les acteurs locaux de santé.
Pour Anne-Marie Mahamba, ce soutien a été vital. Elle partage avec émotion : « Je suis soulagée. Je vais ramener mes deux enfants malades ici. Je suis convaincue qu’ils vont guérir. Et moi, je retrouve un peu de paix », dit-elle avec un sourire et un nouvel espoir.
Dans un environnement complexe marqué par des défis sécuritaires et humanitaires, l’intervention de l’OMS à Mugunga illustre l’impact concret d’une mobilisation ciblée et structurée. En plus des traitements médicaux, c’est une confiance qui se reconstruit progressivement entre les communautés et les structures de santé. Si les obstacles restent nombreux, les efforts conjoints des équipes médicales, des partenaires et des communautés locales permettent d’envisager des solutions durables. À Mugunga comme ailleurs dans l’Est de la RDC, les efforts en cours contribuent à bâtir un système de santé plus proche des populations, plus réactif face aux urgences et mieux adapté aux réalités locales — une avancée encourageante vers des services de santé plus durables et plus équitables.
Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
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